Aristide Maillol, La Vague

Ambroise Vollard

Un marchand d'art commun

 

 

 

Le marchand et éditeur d’art Ambroise Vollard (1866-1939) constitue un pont entre Maillol et Picasso. Ce grand marchand, qui joue un rôle de premier plan dans la découverte de l’art moderne, s’intéresse notamment à la sculpture, comme il le fait pour Renoir auquel il fait rencontrer Richard Guino qui travaille sous sa direction. Sa galerie, rue Laffitte à Paris, est active entre 1893 et 1924. Il reçoit ensuite de rares clients en son hôtel particulier, rue de Martignac. Il publie plusieurs ouvrages consacrés aux artistes qu’il a défendus (Renoir, 1910 ; Cézanne, 1914) ainsi que les Souvenirs d’un marchand de tableaux en 1937. Il révèle Paul Cézanne qui peint son portrait en 1899 (Paris, Petit Palais), Paul Gauguin, Vincent van Gogh, Henri Matisse. Dans le cas de Maillol et de Picasso, il acquiert des modèles qu’il édite en bronze : Léda de Maillol dont il vend des fontes tout au long de sa carrière ; Femme se coiffant de Picasso.

Aristide Maillol, Léda, 1901-1902, terre cuite, Paris, collection particulière, courtesy galerie Dina Vierny.
P. Picasso Femme se coiffant, 1906, bronze, Paris, collection privée. © E. Pheulpin © Succession Picasso 2025
PABLO PICASSO (1881-1973) Suite Vollard, Sculpteur avec coupe, modèle accroupi Planche 44, 21 mars 1933 Gravure à l’eau-forte, l’une des 50 épreuves à grandes marges sur vergé de Montval filigrané Montgolfier 38,5 x 50 cm Paris, collection Indivision H. M. Petiet © Ville de Perpignan. Musée d’art Hyacinthe Rigaud, P. Marchesan. © Succession Picasso 2025

 

C’est chez lui qu’a lieu en juin 1901 la première exposition de Pablo Picasso, conjointement avec Francisco Iturrino. L’année suivante il organise la première exposition personnelle de Maillol (juin 1902). Son portrait (1908, Londres Courtauld Institute) par Auguste Renoir le montre tenant en main une petite statuette en terre cuite de l’artiste. Il s’agit de la Jeune fllle accroupie (1900) d’Aristide Maillol, une des premières figures qu’il édite. Pablo Picasso réalise pour sa part deux portraits du marchand, une toile cubiste analytique en 1910 (Moscou, musée Pouchkine) et un crayon ingresque daté de 1915 (New York, The Metropolitan Museum of Art), caractéristique de sa période « classique » à l’instar de son fameux crayon de Max Jacob exécuté la même année. Ainsi le Picasso de Vollard est-il lié à une forme de classicisme moderne, rattaché à une inspiration antique qui prend volontiers les contours de la sculpture. Et donc par là-même au Maillol de Vollard. Un autre point commun est l’édition de gravures et de livres illustrés commandés par le marchand aux deux artistes. La mort l’empêche de voir l’aboutissement de ses derniers projets dont Les Folastreries de Ronsard que devait illustrer Maillol, tandis que les estampes de Picasso trouvées dans son stock étaient rassemblées sous le nom de Suite Vollard. L’ensemble du tirage est acquis par le marchand d’art Henri Marie Petiet (1894-1980) à partir de 1941.

© Succession Picasso 2025